Samedi 19 octobre, 5 heures 30. La sonnerie du réveil marque le début officiel du Convoi de l’Espoir 2013. La nuit a été courte parce que nous avons une grande mission à remplir, jouer pour vous les Pères Noël auprès de milliers de petits déshérités Espagnols. Avec Florent Junior (qui a remplacé au pied levé Edmond qui a dû renoncer la mort dans l’âme), nous prenons le volant des 2 camions de Besançon, pour aller vider le local de Lons le Saunier. Nicole a fait un travail fabuleux, 48 heures à trier et empaqueter la collecte dans des dizaines de cartons à bananes.
Après un petit café, nous reprenons la route direction Saint Etienne, où nous retrouvons Gisèle, Marie, Marie-Hélène et Odile. Nous vidons le garage que Xavier a gentiment mis à notre disposition, nos 2 véhicules sont désormais pleins à craquer et légèrement en surcharge. Il est temps de rejoindre le point de ralliement à Toulon, où nous arrivons à 23 heures. Le camion contenant les collectes de Bretagne est arrivé la veille, Corinne est venue en voiture depuis Mont de Marsan, Olga en covoiturage depuis Rouen, Cécile et Florent depuis Paris avec leur fourgon, et Christiane et Annie ont récupéré le camion de Toulon. J’ai enfin devant les yeux l’intégralité de vos collectes, qui dépasse toutes mes espérances. Comme on peut le lire sur un des véhicules, c’est tout simplement ENOOORME!
Il nous faudra plus de 3 heures pour tout décharger et recharger de façon à équilibrer les camions, à la lueur des baladeuses et des lampes frontales. La bonne humeur est de la partie, mêlée à l’émotion de voir tout ce que vous avez collecté pour nos petits martyrs. Il est 2 heures du matin lorsque nous pouvons enfin attaquer l’excellente raclette préparée par Marcelle (qui a prévu pour 15 alors que nous ne sommes que 9) et terminer par le gâteau spécialement commandé par Christiane pour l’occasion.
3 heures de sommeil plus tard, nous nous retrouvons pour vider le garage de Marcelle et terminer le chargement des camions.
Les véhicules sont remplis au maximum. Nous savons déjà que nous ne pourrons pas tout emporter, mais grâce à Michelle, Gérard et Richard, un autre camion nous amènera le surplus à Ciudad Real lundi soir.
Après un petit déjeuner copieux et quelques aides artificielles
le convoi est prêt à partir
sous le regard nostalgique de Marcelle.
Les kilomètres s’enchaînent. Nous faisons un arrêt à Montpellier pour prendre quelques cartons amenés par Martine, puis à Fitou pour récupérer des cols tricotés par Marie. Nous passons ensuite la frontière sans encombre et faisons des pauses régulières pour se détendre devant un petit café. Lors de l’une d’elle, nous découvrons une race inconnue (visible en arrière plan) à poils blonds et pattes noires, que le hasard remettra sur notre route 2 heures et demi plus tard lors de la pause suivante, dans la même station service!
Les heures passent, les chauffeurs se relaient. A 300 kilomètres du but, Christiane et Annie se perdent dans la pampa, en pleine nuit. Bizarrement, c’était le seul équipage exclusivement féminin, mais je suis sûr qu’il s’agit d’une coïncidence 😉 Le convoi reformé, nous voyons enfin le bout de la route.
Après 1250 kilomètres et 16 heures de trajet, nous arrivons enfin à l’hôtel pour une courte nuit réparatrice.
Lundi matin, au moment où les équipages découvrent les refuges qu’il vont visiter, les visages sont fermés. Chacun réalise qu’il est désormais au pied du mur. Chaque équipe rédigera un compte rendu que vous découvrirez plus loin dans cet article. Avec Corinne, nous descendons beaucoup plus au sud, jusqu’aux environs de Séville, et nous ne retrouverons le groupe que mardi soir. Au volant du 20m³, nous faisons une halte à Cordoba où nous retrouvons Claudie et son mari ainsi que Catherine (créatrice de nos affiches) et son époux. Nous faisons la connaissance d’Isabelle, une Espagnole professeur de Français, qui dirige un petit refuge. Parmi ses protégés, le petit Bouli, un albinos souffrant de graves problèmes de peau, qui m’a beaucoup touché.
Nous descendons ensuite jusqu’au refuge de Palma del Rio. Nous sommes accueillis à bras ouverts par Sylvia, dont les yeux s’embuent lorsque nous ouvrons notre camion. Elle se confond en remerciement, parlant de don du ciel. Son refuge est installé dans d’anciennes écuries. Il y a beaucoup de place, mais énormément de travaux à réaliser. Sylvia nous fait visiter l’ensemble du site, on sent qu’elle aime profondément ses 45 pensionnaires. Parmi eux, une maman Mastin qui vient de donner naissance à 2 adorables bébés.
Tous les loulous viennent quémander des caresses lorsque nous approchons. Il y a des cabossés, des amputés, ce sont tous des rescapés qui attendent une famille. Parmi eux, il y a 2 Galgos, Jandro
et Aprenda, qui vient d’être opérée d’un conduit auditif.
Chez Sylvia, nous déposons la moitié de notre camion, 10m³ de matériel et de nourriture qui seront partagés avec un refuge voisin situé à Ecija. N’ayant pas pu coordonner nos horaires avec le responsable d’Ecija, nous ne pourrons pas visiter ce refuge, qui compte environ 150 chiens. Mais, dès le lendemain, nous recevions un message de Sonia, bénévole là bas: « muchisimas gracias por todo. Nos ha hecho muchisima ilusion y cualquier cosa y donacion nos viene genial asi que si. Mil gracias por ayudarnos. » Ce qui signifie à peu près « merci infiniment pour tout. Chaque chose ou donation qui nous sont faites sont géniales pour nous alors mille mercis de nous aider ».
C’est à regret que nous quittons Sylvia, non sans lui avoir promis de revenir l’année prochaine. 200 kilomètres nous séparent de Baeza, que nous atteignons à 21 heures. Nous y retrouvons Maria Teresa qui nous a réservé un charmant petit hôtel, et qui nous offre le dîner. C’est un bonheur pour moi de la revoir, toujours aussi dynamique et motivée, malgré les récentes épreuves. Je lui remets le magnifique texte écrit par Marie-Odile, et les spécialités Françaises offertes par notre association. Nous nous donnons rendez-vous pour le lendemain matin devant l’hôtel.
C’est sur la route de l’hôtel que le destin de la petite Maya va basculer. Alors qu’en temps normal elle n’emprunte pas cette route, Maria Teresa croise cette minuscule bébé Galga errant sur le bitume. Tremblante de froid, Maya se blottit et s’endort dans les bras de Corinne. Une vie vient de basculer, grâce à notre Convoi.
Nous nous dirigeons ensuite vers le refuge de Maria Teresa. Ils sont encore plus nombreux que l’année dernière (150 loulous), qui nous accueillent par des aboiements et des mouvements de queues. J’en reconnais certains, notamment une adorable Mastin. Ils ont passé une année de plus dans leur box, invisibles, oubliés de tous. Sauf de GALGOS. Et je ne peux m’empêcher de penser que c’est grâce à vous, grâce à votre collecte de 2012 et à notre aide mensuelle, que certains ont pu vivre une année de plus.
Le refuge est toujours aussi bien entretenu, bien que Maria Teresa soit seule à s’en occuper. Les 10m³ restants sont déchargés dans le petit hangar attenant. Un sourire illumine le visage de Maria Teresa, devant tous ces trésors que nous lui apportons.
Puis vient le moment de la distribution de friandises, dans tous les box. A ce moment là, je repense à Sunny qui m’avait fait craquer l’année dernière, et qui coule aujourd’hui des jours heureux dans le nord. Cette année, ce sont les yeux de Linda, une petite Podenca, qui m’ont particulièrement ému. Un regard d’une infinie tristesse, celui d’une louloute assise au fond de la courette, comme résignée. Un regard que je n’oublierai jamais. Vient alors le moment le plus pénible du voyage, celui où nous devons partir en les laissant derrière nous.
Il est temps pour nous aller à la pension où nous retrouvons Maria, l’assistante d’Antonio, qui nous montre les systèmes de sécurité mis en place depuis le vol de nos Galgas. Maria s’empresse d’envelopper Maya dans un petit manteau.
Nous sortons et câlinons ensuite tous nos petits protégés. C’est très émouvant de les voir enfin en chair et en os.
Tous semblent en pleine forme, hormis Fido qui ne quitte pas sa panière. Quelles épreuves a-t-il pu subir pour rester prostré à ce point? Il va falloir que nous lui trouvions une famille au plus vite.
Nous amenons ensuite Maya chez le vétérinaire. L’occasion imprévue de visiter la clinique d’Antonio. Il se fera une joie de nous montrer toutes les pièces, jusqu’aux toilettes et aux vestiaires du personnel. Nous savons que nos loulous sont vraiment entre de bonnes mains tant l’endroit est propre et superbement équipé, il y a même un laboratoire pour les analyses de sang. Vers 15 heures, Maria tient à nous offrir le déjeuner, ainsi que 2 bouteilles d’huile d’olive et 2 bouteilles de vin. Puis nous reprenons la route de la pension pour chercher ceux qui repartiront avec nous. Alors que Maria vérifie que les papiers soient tous bien en règle, le destin va frapper une deuxième fois. Un Podenco entre tranquillement dans l’enceinte de la résidence. Corinne s’empresse d’aller fermer le portail et, après une vingtaine de minutes de cache cache, Maria parvient enfin a passer une laisse au cou de celui que nous baptiserons Bambino, et dont la vie de misère vient de changer.
Nous allons ensuite chercher Ada, Aïmar, Canelo, Lupita, Telma et Alba, les heureux élus de ce voyage. C’est au moment où je referme le box que Merlin partageait avec Alba, que l’émotion est la plus forte. Merlin agrippe mon bras et plonge son regard dans le mien, un regard tellement expressif. Je ne peux me résoudre à le laisser là, lui qui, par 2 fois déjà, à échappé à un funeste destin. Pieter et Véronique acceptent de prendre notre beau loulou quelques jours en accueil, Merlin sera du voyage, c’est une explosion de joie à la pension, tout le monde pleure. Le temps de lui faire passer l’examen clinique indispensable pour passer la frontière, et Merlin peut prendre place dans le camion. Juste avant, Merlin a posé ses pattes sur les épaules de Maria et sa tête dans son cou, comme pour lui dire merci. Tout le monde est à nouveau en larmes.
Le camion est désormais prêt à repartir. Pour plus de sécurité, Corinne voyagera à l’arrière avec les loulous. Nous quittons avec beaucoup de difficulté Maria Teresa et Maria, mais nous nous reverrons l’année prochaine. Le voyage jusqu’à Ciudad Real se passe bien malgré la pluie, aucun de nos petits protégés ne sera malade. Seule Corinne ne pourra pas s’empêcher de vomir juste avant d’arriver 🙂
Nous retrouvons les autres équipages à l’hôtel. Eux aussi ont fait un travail remarquable. Nous amenons alors les loulous dans les chambres, sous les yeux un peu ahuris du personnel de l’accueil. Chacun trouve sa place pour la nuit.
Je partage ma chambre avec Grace (une des 3 loulous que nous avons remontés pour 2 autres associations). C’est une adorable Galga qui aura passé 11 ans de sa vie à faire des bébés avant d’être abandonnée et qui, malgré tout, est toujours prête à vous présenter son ventre lorsque vous voulez la caresser.
Après une dernière courte nuit, il est temps de repartir. Sur le trottoir, les Espagnols nous regardent avec un air incrédule. Une colonie de Français squatte le trottoir en compagnie de 11 chiens! Nous répartissons les loulous dans les camions, puis le convoi s’ébranle. Nous nous séparons 50 kilomètres plus loin, lorsqu’Olga m’avertit qu’un des pneus de mon véhicule a crevé. Heureusement que Florent Junior sait changer une roue jumelée parce que j’en serais encore à me demander comment fonctionne le minuscule cric hydraulique!
A 20 heures, tout le monde a passé la frontière. C’est un vrai soulagement de savoir tous nos loulous désormais en sécurité en France. Nous nous retrouvons tous chez Marcelle à Toulon, où les dernières arrivent vers 2 heures du matin, sous la pluie et dans le brouillard. Les loulous trouvent vite leurs marques chez Marcelle, et rivalisent d’imagination pour marquer leur territoire. Le fou rire nous prend avec Merlin, sans doute un peu dérangé par ce long voyage, et qui veut à tout prix faire ses besoins sur la tête d’un nain de jardin stoïque, qui mérite bien d’être en photo (ici en compagnie d’Alba) dans cet article.
Désolé Marcelle pour l’état de la maison après notre passage, mais je pense que tu as passé, toi aussi, un beau moment. Nous mangeons rapidement ce qu’Aïmar veut bien nous laisser et chacun regagne sa chambre. Comme en témoignent les 2 photos de Christiane ci dessous, c’est un voyage très fatigant. Non, ce ne sont pas 10 ans qui séparent ces 2 clichés mais 3 jours.
Mais c’est une expérience inoubliable, si riche en émotions, qui vous marque pour longtemps. Jamais je n’oublierai les remerciements des bénévoles Espagnols émus aux larmes, jamais je n’oublierai les loulous que nous avons croisés. Grâce à vous, ils dormiront chaque nuit sur une douce couverture, ils mangeront à leur faim, ils pourront être soignés. Notre seul regret est de ne pas avoir aperçu nos Galgas volées, mais tant qu’elles ne seront pas retrouvées mortes, l’espoir demeure de les revoir vivantes. Nous ne vous oublions pas.
Jeudi matin, chacun a repris sa route. Le Convoi de l’Espoir 2013 est terminé. Nous avons fait de notre mieux pour remplir la mission que vous nous aviez confiée, celle de jouer les Père Noël auprès des petits déshérités Espagnols de 12 refuges. Merci à vous tous qui avez participé à cet exceptionnel élan de générosité, vous avez été dans notre cœur tout au long des 4400 kilomètres parcourus. Merci à tous ces bénévoles Espagnols pour leur accueil et leur dévouement auprès des loulous. Merci à Marcelle pour sa disponibilité. Et merci à toute l’équipe qui m’a accompagné, et qui a fait un travail formidable. Tous ensemble, faisons que le Convoi de l’Espoir 2014 soit encore plus beau.
Jean-Philippe.
Afin que l’article puisse être lu correctement quel que soit le navigateur que vous utilisez, vous trouverez le compte rendu de Cécile et Florent en cliquant ICI
Celui d’Olga et Florent Junior en cliquant ICI
Et celui d’Annie et Christiane en cliquant ICI