JP, Cécile et Florent vous ayant d’ores et déjà raconté très joliment le voyage aller-retour, je ne m’attarderai pas et vous livre ci-après notre ressenti sur cette expédition extraordinaire, remplie de rire, mais aussi d’énormément de tristesse et de douleur !
LA CAROLINA
Christiane et moi-même avons pris la route lundi matin à 9 h en direction du refuge de LA CAROLINA, pour une arrivée supposée à 11 heures qui fût en réalité 13 h ! Pour la petite histoire, mon copilote de choc et moi nous sommes allègrement perdues (… encore !) si bien que nous avons demandé notre chemin à deux Messieurs qui ont eu la gentillesse de nous diriger jusqu’à un rond point où, il fallait s’y attendre, la Police routière nous est tombée dessus ! Après quelques explications, un des deux agents, nous voyant vraiment dans l’embarras et parlant un peu français, a pris le relais pour nous remettre sur la bonne route, nous escortant sur une bonne quinzaine de kilomètres pour nous quitter plus loin en nous indiquant la bonne direction et en nous lançant à tout va des « bone foyage » !
Arrivées à LA CAROLINA, nous nous sommes garées sur le bas côté et avons appelé Marietta afin de prendre les indications pour la rejoindre. Elle a bien compris que nous n’y arriverions pas et est venue nous chercher. Nous la suivions donc, à mesure que nous avancions, la peur de ce que nous allions découvrir nous nouait le ventre. Cette peur nous a quittées instantanément une fois le refuge en vue. Nous sommes rentrées dans l’enceinte, tout était très propre et sécurisé pour les loulous, avec du grillage à deux mètres de hauteur. Au centre du terrain trônait une grande et longue bâtisse avec sur les côtés et derrière de très grands enclos et, accolés à la bâtisse, de plus petits, bien alignés. A droite de la bâtisse gambadait un magnifique chien, que Marietta a recueilli tout petit, il avait alors deux mois et, sur la gauche, trois superbes grands loulous nous ont accueillies avec des aboiements et en remuant la queue. Nous nous sommes dirigées vers chacun d’eux pour leur donner quelques friandises.
Consuelo est venue nous rejoindre pour nous embrasser et essayer de dialoguer, ce qui ne fut pas simple. Ce refuge compte environ une cinquantaine de poilus de toutes races, petits moyens et grands, qui sont répartis par taille dans les box individuels, à raison de deux – trois locataires, voire 4 maximum lorsqu’ils sont de petite taille, par box.
Nous avons pénétré dans la bâtisse, vieille de deux ans et financée par la ville apparemment. Celle-ci se compose d’une grande pièce centrale avec au fond à droite, une petite salle de douches, wc, sur la gauche, une salle de soin avec une grande table médicale et tout un tas d’étagères pour stocker les médicaments et autres matériels médicaux, puis un couloir avec à gauche une autre pièce de stockage pour les couvertures, en face une pièce pour les croquettes. Au bout du couloir une double porte battante ouvrant sur un nouveau couloir bordé de chaque coté de petits box de 4 – 5 m² environ chacun, équipés individuellement à l’arrière d’une sortie passant par un petit couloir donnant sur l’extérieur et un box grillagé et sécurisé d’environ 8 m². Je précise que les chiens de grande taille sont lâchés sur les terrains extérieurs et peuvent se dégourdir à loisir avant d’être rentrés pour la nuit.
Donc, armées de nos friandises, ce fût la joie pour tout le monde, un concert d’aboiements et de jappements nous souhaitait la bienvenue, tout le monde était aux barreaux pour venir goûter aux trésors que nous leur amenions et que nous avons distribués sans compter. L’endroit était très propre et soigné, quasiment sans mauvaise odeur, les poilus sont tous biens portants et sociables. Même si nous étions très tristes de les voir enfermés, nous étions contentes qu’ils soient entourés d’amour dans un endroit propre.
Marietta et Consuelo nous ont ensuite offert le repas de l’amitié et nous avons pu déguster quelques spécialités tout en essayant de dialoguer avec nos hôtes. Elles sont deux bénévoles qui donnent chaque jour, week-end compris, cinq heures de leur temps à tour de rôle, chacune travaillant parallèlement et Marietta s’occupant avec beaucoup d’amour de ses filles, toutes deux diabétiques. Elle nous a d’ailleurs quittées durant trois quarts d’heure pour aller les voir, leur faire leur piqure d’insuline et ramener notre repas.
Nous avons donc appris que Marietta et Consuelo, sur site depuis deux ans, s’occupaient, précédemment, durant 13 années, d’un refuge de misère qui ne disposait même pas d’eau courante et qui gérait un très grand nombre de loulous. Elles en parlent avec beaucoup d’émotions, de tristesse et le cœur gros. Elles connaissent bien Maria-Theresa qui nous les a adressées. Elles gèrent un refuge quasi neuf, mais n’ont absolument aucune aide et doivent se battre quotidiennement pour faire rentrer croquettes, médicaments et couvertures pour le bien être de leurs pensionnaires. Elles sont aidées dans cette recherche incessante par Consuelo 2, une bénévoles très dévouée et quelques 3 ou 4 autres personnes qui viennent au refuge 1 à 2 fois par semaine chacune. Leurs plus gros besoins sont en priorité la nourriture, viennent ensuite les médicaments et les couvertures en dernier. Il est vrai que les pensionnaires sont totalement à l’abri de la pluie et moyennement protégés du froid de l’hiver dans cette bâtisse très bien conçue. En ce qui concerne les soins, elles nous ont bien fait comprendre que les vétérinaires chez eux n’étaient intéressés que par l’argent. Lorsqu’elles ont une urgence vétérinaire, elles n’hésitent pas à prendre leur voiture et à amener les loulous chez… Antonio, oui oui le nôtre, elles le portent en très grande estime et n’ont pas tari d’éloges à son sujet, il très estimé pour son dévouement exceptionnel envers tous les poilus. Antonio a opéré un de leur tout petit bodéguero qui avait une patte broyée et l’a appareillé pour tenter de la sauver, il m’a déchiré le cœur avec ses vis et ses tiges tout le long de sa frêle petite patte toute fine… cela ne l’a pas empêché de sauter comme un petit fou pour chiper les friandises de son compagnon de galère !
Nous sommes ensuite retournées voir les loulous pour plusieurs tours de distributions de friandises et, un bénévole ayant amené des saucisses knacki pour chacun d’eux et bien nous les avons distribuées également avec un très grand plaisir. Beaucoup de ces poilus m’ont touchée avec leurs regards qui en disaient long, même s’ils sont entourés de soins et d’amour chez Marietta. Nous avons également profité de la compagnie d’une ravissante galga, prénommée Naomie, une perle noire de toute beauté, très attachée à Marietta et Consuelo mais méfiante et craintive envers les étrangers.
Nous avons pu passer quelques heures en compagnie de Marietta et Consuelo 1 et 2, puisque nous étions attendues au refuge de MANZANARES à 18 heures et avons grandement profité de la compagnie des loulous que nous sommes allées voir, encore à maintes reprises, pour la distribution de gâteries, un pincement au cœur à chaque fois, malgré tout le bien être qui leur est apporté. Marietta et les deux Consuelo nous ont chaleureusement remerciées et nous ont demandé de transmettre à toute l’équipe de GALGOS toute leur gratitude pour ce formidable travail de solidarité et notre amour des poilus. Nous sommes bien évidemment impatiemment attendus l’année prochaine. Il était temps de repartir et c’est le cœur gros que nous avons repris la route, les larmes plein les yeux. Le petit Django (le loulou de Christiane) a été exemplaire et une fois la route reprise, s’est confortablement installé sur son coussin dans sa position favorite, qu’il a d’ailleurs gardée durant ces quatre jours, à savoir sur le dos, les quatre pattes en l’air.
MANZANARES
Arrivées à 18 heures pétantes, nous nous sommes garées sur le bas côté, avons appelé Dominique qui nous a immédiatement envoyé Juan pour nous récupérer et nous amener au refuge. Nous l’avons donc suivi jusqu’à une zone industrielle et un mur d’enceinte en béton haut de 2 mètres voire plus, où nous avons attendu, accueillies par des aboiements en grand nombre, que Juan ouvre le lourd portail en fer afin que nous puissions pénétrer à l’intérieur et garer le camion afin de le décharger.
Déjà, en arrivant devant ces murs, entendant les aboiements, l’angoisse nous a nouée la gorge, nous avions le cœur en lambeaux, c’était lugubre. Juan a ouvert l’imposant portail et, une fois à l’intérieur, nous avons constaté une moyenne de cent loulous tous plus beaux les uns que les autres, bien portants, mais cloîtrés dans des box de 20 à 30 m² par quinzaine et vingtaine. Quelle désolation cet endroit ! Tout ce petit monde était surexcité, les jappements, les aboiements fusaient, les queues remuaient dans tous les sens, tout le monde était au grillage, content de nous voir, quémandant la moindre caresse, que nous leur avons prodiguée autant que nous le pouvions, aucun n’était agressif ni avec nous ni avec leurs frères de misère. Un grand nombre de Podencos dans cet endroit et nous avons pu admirer deux Galgas magnifiques, une bringée et une noire.
Nous nous sommes vite rendu compte que tous ces poilus étaient très attachés à Juan qui leur rendait bien cet amour. Il n’a pas hésité à rentrer dans un box pour y sécuriser la quinzaine de chiens qui profitaient d’un plus vaste espace pour se dégourdir les pattes. Tous l’ont suivi sans hésitation et se sont laissé enfermer gentiment. Une fois toute la meute sécurisée, nous avons ouvert le camion et déposé le reste de la cargaison avec un Juan qui n’arrêtait pas de nous dire « Gracias » à chaque fois que l’on sortait un carton, à tel point que je disais à Christiane « s’il prononce encore ce mot, je lui mets un coup sur la tête» parce qu’en ce qui me concerne, je n’avais pas besoin de remerciement, seul comptait le peu de bien être que nous pouvions leur apporter ! L’engouement de Juan et sa précipitation à stocker faisait plaisir à voir, il est resté ébahi de tout ce que nous lui apportions, tout y est passé, croquettes, couvertures, matériel médical, à l’exception des jouets qu’il a refusé, nous expliquant, que vu le nombre de chiens dans les box, si nous donnions des jouets, d’inévitables bagarres exploseraient et causeraient des blessures, dont certaines pourraient être gravissimes, nous avons donc obtempéré et remis les jouets avec tristesse dans le camion.
Toute la collecte a été stockée dans des restes de camions frigorifiques ! Ce refuge ne dispose d’aucune bâtisse pour entreposer quoi que ce soit. Au fond, des toits ont été érigés qui protègent les loulous en cas de pluie, mais ils restent exposés au froid des hivers rudes et en cas de fortes précipitations se retrouvent les papattes dans l’eau et la boue. Ils ont un très gros besoin de palettes et de paniers grands modèles et moyens modèles, c’est la misère et nous avons été profondément peinées. Juan et Dominique passent deux à trois fois par jour, le matin et le soir, travaillant aussi tous les deux, pour nourrir les chiens et les laisser dans la partie sécurisée, par box, chacun leur tour, profiter d’un peu plus de terrain, à tour de rôle lâchés pour la nuit et les rentrant le lendemain matin, pour libérer les suivants. Le reste du temps, les poilus sont livrés à eux-mêmes, personne sur les lieux !!
Juan nous a également refusé le plaisir de distribuer les friandises, toujours pour les bagarres et nous l’avons bien compris vu la misère que nous avions devant les yeux, cela nous a terriblement attristées ne pouvoir offrir quelques secondes de bonheur à chacun d’eux mais il fallait rester raisonnable. La galga noire a profité de l’ouverture d’un box pour se faufiler à l’extérieur et filer dans la cour, qui était entièrement sécurisée, je vous rassure, Mademoiselle avait simplement envie de faire de la vitesse et ne s’en est pas privée, nous l’avons gâtée ainsi que la petite misère qui l’avait suivie et toutes deux ont, seules, pu en profiter. Elles étaient d’ailleurs toutes les deux adoptées et devaient quitter le refuge début novembre.
Vint le moment de repartir pour l’hôtel, et, comme nous demandions à Juan notre route à grand renfort de cartes et de gestes, celui-ci nous a fait comprendre qu’il fallait le suivre et là, il nous a tout simplement ramenées devant l’hôtel, soit une cinquantaine de kilomètres, tant il était heureux de cette collecte et du peu de bien être qu’il allait pouvoir donner à ses petits réfugiés à qui il porte un amour inconditionnel. Nous n’avons malheureusement pu rencontrer Dominique qui travaillait et nous le regrettons. Tous les deux ne savent comment nous remercier ainsi que les membres de l’association au grand complet de tant de générosité, d’œuvrer au quotidien pour tenter d’apporter un peu de réconfort à tous les martyrs que compte ce pays. Ils vous remercient chaleureusement et vous embrassent encore et encore.
Nous avons réintégré l’hôtel à 21 heures où nous avons rejoint le reste des équipes, sommes allés nous restaurer en attendant 23 heures que le camion arrive, puis nous avons rechargé les trois camions pour le lendemain et sommes allées prendre quelques heures de repos.
MARDI – SOCUELLAMOS
Nous reprenons la route pour nous rendre à SOCUELLAMOS, ce triste endroit d’où Maité, adoptée par Jacqueline, a été sortie, merci mon dieu ! Nous avons appelé Véronica qui nous a amenées à destination mais a dû immédiatement retourner à son travail après nous avoir chaleureusement remerciées et demandé à Mariono, son employé, d’ouvrir le portail. Il est impossible de décrire ce que l’on ressent en arrivant devant cet endroit, tout y passe, mélange d’horreur, de tristesse, de désespoir, de doute même de ne pas être à destination, c’est terrible et horrible, la misère et le dénuement le plus total, les hurlements et aboiements incessants de tous ces chiens, environ 200, c’est comme si vous veniez de faire un match de boxe, la douleur s’insinue doucement, l’envie de pleurer, le mal au ventre et au cœur, je crois que c’est le pire endroit que nous avons visité, c’est tout simplement monstrueux de désolation, on a du mal à y croire et pourtant…
Devant le mur, à côté du grand portail en fer, le sol est jonché de détritus en tous genres, qui ne sont jamais ramassés, Antonio et Veronica sont obligés de chercher une camionnette et de faire un ou plusieurs voyages, quasiment tous les jours, pour jeter toutes ces ordures. Je vous laisse constater sur la photo, nous étions déjà ravagées par la peine, nous avons aussi été assaillies et attaquées de toute part par les mouches, comment pouvait il en être autrement, nous avons donc protégé Django qui est resté dans le camion.
Mariono, a ensuite ouvert le portail et, là encore, la désolation, la misère, la détresse des loulous, toujours ces mêmes sentiments horribles qui nous assaillaient et qui ne nous ont pas quittés. Nous avons levés les yeux et constatés que les chiens étaient « parqués » par, je ne sais même pas, 30, 40 miséreux, de la boue partout, dans les deux bâtisses délabrées, ils s’agglutinaient les uns sur les autres sur les rebords de fenêtres pour attirer notre attention, combien étaient-il la dedans, 15, 20 ? le regard implorant. Le refuge de Manzanares n’était déjà pas génial, mais Socuellamos bat tous les records de pauvreté et de dénuement. Ici non plus, pas moyen de distribuer la moindre friandise, pour les mêmes raisons, il y avait beaucoup de gros gabarits et Mariono redoutait les bagarres, ce que nous pouvions comprendre.
Nous avons donc déchargé le camion des deux tiers de son contenu et, comme pour les autres, Mariono a refusé les jouets, mêmes motifs, c’est très dur, ça noue les tripes mais ils tiennent absolument à éviter tout affrontement inutile qui engendrerait nécessairement des soins vétérinaires lourds de conséquences et très coûteux pour le refuge, l’inévitable arrive pourtant parfois… Alors que nous avions fini de décharger et que nous nous apprêtions à repartir, puisque nous ne pouvions ni caresser les loulous, ni les gâter et que l’émotion, la tristesse l’envie de pleurer étaient au plus fort pour Christiane et moi, nous avons vu un gros camion arriver, nous avons déplacé le notre pour permettre à celui-ci de se garer. Mariono nous a fait comprendre que c’était la livraison habituelle de croquettes. Tous les 10 jours, ce refuge consomme 720 kg de croquettes, qu’ils ont souvent bien du mal à payer et dans ce cas, tout devient un véritable casse-tête, les loulous n’ont que des pâtées faites de pain trempé dans du bouillons. Nous avions toujours la gorge serrée et bien du mal à nous exprimer.
Nous avons donc récupéré les coordonnées du grossiste espagnol qui vend les croquettes et l’adresse du transporteur que nous communiquons à JP pour, je ne sais pas, éventuellement organiser des livraisons directement d’Espagne. Ce refuge, par exemple, a besoin de trois livraisons par mois, soit 2t160 de croquettes, ce qui représente environ 500 € par livraison, le kilo de croquettes étant à 0,60 €. Ce sera à JP de décider, mais ce serait peut être une piste à suivre. Comme les deux autres refuges que nous avons visités, celui-ci met la priorité sur les croquettes, ensuite les médicaments pûis les couvertures.
Mariono nous a beaucoup remerciées ainsi que Véronica, une heure plus tôt. Comme il nous était impossible de toucher les poilus ni de les réconforter et que nous avons bien ramassé émotionnellement, nous avons choisi de reprendre la route le cœur gros, la rage au ventre et la mort dans l’âme. Pourquoi tant de misère, aucun être vivant ne mérite de subir de telles conditions de survie !! Véronica et Mariono vous transmettent à toutes et tous leur profonde gratitude et leurs sincères remerciements. Nous savons que nous sommes grandement attendu en 2014, cet endroit est lugubre, nous n’avons pas le droit de les lâcher. Je n’oublierai jamais ces visions d’horreur et suis marquée à tout jamais, Christiane était dans le même état d’esprit. L’année dernière, Maïté à eu une chance incroyable, elle est sortie de cet enfer, mais les autres ! Ils ne quittent pas de mon esprit et nous partons de Socuellamos le cœur déchiré, en miettes, l’âme à vif et la conscience torturée.
LAS PEDRONERAS
Avant d’arriver à destination, nous avons fait une halte dans un magasin où nous avons dévalisé le rayon croquettes pour le dernier refuge, le précédent était tellement démuni que nous lui avions laissé tout le stock. Nous atteignons Las Pedroneras aux alentours de 13 H. Comme précédemment, nous garons le camion et téléphonons à José qui essaie de nous guider… mais après avoir tourné deux fois, nous avons tout simplement donné mon téléphone à un agent de police qui faisait la sortie des classes, lequel a discuté avec José, nous a ensuite indiqué la 1ère à droite, puis encore la première à droite. Fortes de ces instructions, que nous avons suivies à la lettre, nous nous sommes retrouvées… devant le même agent de police, lequel, sidéré, nous a fait garer sur le côté, nous a dit « stop ». Il a appelé un collègue et ils sont montés dans un véhicule de police et nous ont amenées à l’endroit ou José nous attendait, ils se connaissaient … Ouf ! Cela faisant juste deux fois que nous avions une escorte officielle rien que pour nous !
José nous attendait de pied ferme devant son petit C 15 portes arrières ouvertes, ce qui nous a bien fait sourire. Nous avons été accueillies à bras ouverts par un José impatient de charger sa cargaison. Nous lui avons donc fait comprendre que cela n’allait pas être possible et qu’il fallait un autre véhicule tout en ouvrant nos portes et là, avons eu tout loisir d’admirer un José muet (ce qui apparemment est rare !) médusé et la bouche ouverte. Reprenant ses esprits, il a fait venir un autre utilitaire plus grand dans lequel nous avons transféré la totalité de la collecte, jouets compris, José était preneur pour absolument tout, le camion a été vidé en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire et sa joie palpable, faisait plaisir à voir.
Il nous a ensuite invitées à visiter son refuge, parce que c’est le sien. Ce petit bout d’homme l’a construit à la sueur de son front et à la force de ses poignets, seul sans aide, sauf pour le terrain pour lequel il a été subventionné. Nous avons accepté bien volontiers. José a pris d’autorité le volant de notre camion et nous n’avons pas eu droit à la parole, joli petit caractère bien trempé le Monsieur, mais tellement empreint de bonté et d’amour qu’on lui pardonnerait tout.
Nous voilà donc arrivées au refuge et je vous assure qu’après les spectacles de désolation que nous avions pris en pleine tête, ce petit bol d’oxygène nous a fait le plus grand bien. Nous sommes sur les hauteurs de Las Pedroneras et une fois le dernier virage pros, nous nous retrouvons face à un très grand terrain, je dirais 7 à 8.000 m², entièrement sécurisé et grillagé à deux mètres. Ce terrain est fractionné en une multitude d’enclos également bien sécurisés, à l’intérieur desquels José a construit, en 7 ans avec ses petites mains, des maisonnettes, en veux tu en voilà, qui peuvent chacune héberger 3, 4 voire 5 loulous, bien étanches et isolées mais malheureusement pas suffisamment pour leurs hivers rigoureux. Nos couvertures, couettes et duvets étaient plus que bienvenus. Le site est propre et les poilus ont tous l’air très attachés à José. Dès qu’il s’approche des grilles, ils arrivent tous pour quémander une caresse de leur sauveur. Nous avons pu caresser quelques loulous qui étaient bien contents. José a recueilli environ 70/80 chiens toutes tailles et races confondues et, notamment deux vieux Mastins de plus de 10 ans, l’un aveugle l’autre handicapé, une moitié de patte avant coupée, qui m’ont bien émue. Ils attendent là, calmement, sentant José arriver, pas traumatisés et contents. Il y a beaucoup de podencos dans cette pension.
José est une personne chaleureuse, qui gagne à être connu et qui œuvre sans compter pour tous les poilus martyrs d’Espagne. Il peut être très fier de ce qu’il a accompli.
Il était l’heure de retourner à l’hôtel rejoindre les autres équipes pour s’occuper des petits veinards qui remontaient avec nous. Mais c’était sans compter sur José. Impossible de partir, d’autorité, tout le monde dans le camion et… en avant pour le restaurant qu’il a absolument tenu à nous offrir malgré nos protestations. Nous avons donc mangé… pour la deuxième fois… en deux heures et bavardés en tentant d’échanger nos expériences… Malheureusement José ne parle pas un mot de français ni d’Anglais d’ailleurs. Le repas fut très animé, tout le monde nous regardait, c’était qui faisant des gestes, qui dessinant sur la nappe pour essayer de se faire comprendre… vers 16 h 30 nous avons pu prendre congé, José a accepté de nous laisser partir, non sans un échange de numéros de téléphone et mails.
Nous avons rejoint Ciudad Réal, où nous attendaient déjà Florent, Cécile et leurs petits protégés, Grace, Sabrina et papy Canelo, trois adorables doyens. En arrivant sur le parking, Florent junior et Olga étaient là, nous attendant, accompagnés de Roméo, un petit poulain que vous avez déjà dû admirer sur les photos. Mon dieu quand je l’ai vu, je suis tombée amoureuse ! Quelle élégance. Il en a été de même lorsque nous avons rejoint Florent et Cécile, au premier regard vers Grâce, Sabrina et Canelà le charme avait déjà opéré. Nous avons donc tous ensemble attendu gentiment JP et Corine, qui n’ont pas tardés, accompagnés du reste de la troupe, Diva (Aimar), Albane (Ada), Telma, Albda, Merlin et Lupita, sans compter que notre deuxième copilote, j’ai nommé Django, était de la partie aussi et Christiane, à la vue de tous ces chiens, l’a tranquillement « rangé » dans le placard ( ! non je rigole Christiane l’a un peu isolé, il n’était pas rassuré).
L’arrivée de JP et notre passage à l’hôtel vous a déjà été contée deux fois, parfaitement clairement et ne vous donnerai donc pas de troisième version, vous m’en excuserez… Christiane et moi-même avions dans notre chambre Roméo et la belle Ada qui a passé la nuit sur le lit à côté de Christiane, qui l’a prise sous sa coupe dès qu’elle l’a vue à tel point qu’il nous a été impossible à Olga, Corine et moi de lui faire nos adieux une fois rentrées à TOULON, Christiane en avait décidé autrement ! Et quand Christiane a décidé… Au matin, Roméo ne m’a pas laissé le temps de le sortir et nous a parsemé la chambre de souvenirs impérissables liquides et malodorants que j’ai consciencieusement nettoyés.
Durant le voyage de retour où, grâce à JP, nous nous sommes une nouvelle fois perdues, parce que n’allez pas vous imaginer, jp n’est pas complètement innocent quand même… ! lol, nous avons covoituré Alba et Ada. Nous avons fait de nombreux arrêts pour rafraichir les demoiselles, leur permettre de se dégourdir un peu les pattes et les faire boire. Heureusement, effectivement, que j’avais prévenu Florent et Cécile, parce que les deux belles et très coquines jeune et moins jeune filles réussissaient à tous les coups à se sortir de leurs harnais. Résultats : Annie 0 – les belles 1 puis 2 puis 3…, elles m’ont bien eue ces coquines, mais quel régal de les avoir avec nous.
J’en terminerai en vous répétant une fois encore que cette aventure exceptionnelle m’aura marquée profondément et de façon indélébile pour le restant de mes jours, une part de mes pensées et de mon cœur est restée là bas avec eux et je serai longtemps hantée par le spectacle de misère et de désolation auquel j’ai été confrontée durant ce voyage, mais l’espoir renait un petit peu quand je songe à tout ce que les bénévoles font, tous les jours là bas, ils œuvrent sans cesse, seconde après seconde, jour après jour, année après année, avec leur tripes et leur cœur, sans aucune attente en retour, tout simplement pour l’amour incommensurable qu’ils portent à tous les poilus, sans considération de race ou d’état de santé, c’est l’amour à l’état brut, grand, entier et si puissant qu’ils arrivent dans ce désert immense de misère à donner sans compter pour apporter un peu bien être à nos protégés et à tous les malheureux qu’ils peuvent sauver, si petit, si infime soit-il, afin de leur permettre de retrouver ne serait-ce qu’une once de dignité, de chaleur et d’amour. Pour tout cela je vous dis merci, merci, Mesdames, Messieurs les bénévoles, respect encore et toujours respect et n’ayez crainte, nous sommes avec vous, nous ne vous lâcherons pas.
Grace, Sabrina, Ada, Alba, Telma, Lupita, Diva, Canelo, Merlin et toi Roméo, sans t’oublier petit Django si sage, je vous rends ici hommage pour votre humilité et votre capacité à nous refaire confiance, nous qui vous avons tant fait souffrir, que votre avenir soit le plus doux possible, rempli d’amour et qu’enfin vous soyez traités avec le grand respect que nous vous devons. Ayez aussi une pensée pour vos frères de misère restés là bas.
Le mot de la fin ira à toutes les personnes présentes pour ce convoi et bien sur à notre Président et à vous tous membres de notre grande famille qui me lisez, je vous remercie du fond du cœur de m’avoir permis d’y participer et d’avoir pu leur offir une larme de tendresse dans cet océan de désespoir.
Annie.
Je refais surface après un passage chez Roselyne à DIE pour récupérer CANELA adoptée par Geneviève et lui remettre ALBA quelques jours en accueil.
BRAVO à Jean Philippe infatigable, prêt à déplacer les montagnes pour sauver un loulou ! Notre association lui doit tout, même si parfois il est très « désagréable » et met sur le site des « photos interdites » me concernant !!!! ). Merci à toute cette équipe formidable qui, malgré les difficultés rencontrées et une tension importante a mené à bien sa mission : Corinne – Annie et Olga infatigables et super dynamiques, Florent Junior, un garçon adorable et très attachant – Cécile et Florent d’une générosité extraordinaire à tous les niveaux (un investissement « exceptionnel » pour des « jeunes »!).
Merci à tous ces bénévoles espagnols d’un dévouement sans borne qui se battent courageusement malgré l’indifférence et l’égoisme de la population locale qui ne se sent pas concernée ! Merci à José qui a construit tout seul pendant de longues années un magnifique refuge d’une cinquantaine de « gros chiens » et qui nous a réservé un superbe accueil ! De même pour Marietta, l’amie de Maria Térésa qui nous a fait goûter les spécialités de sa région dans son magnifique refuge flambant neuf !
Tristesse et écœurement en découvrant ces paysages de désolation avec quelques rares habitations, parsemés de bâtiments vétustes que l’on remarque à cause des silos dans lesquels sont élevés cochons – moutons – chevaux et tout ce que l’on peut imaginer et qui ne verront jamais la lumière, sauf quand la bétaillère viendra les chercher ( je n’ai jamais vu autant de bétaillères sur la route de ma vie). Tristesse et émotion en découvrant certains refuges bondés qui ressemblent à s’y méprendre à des prisons, bien cachés à l’écart des villages : devant celui où était Maité s’entassaient des tonnes de sacs poubelles, puisque ce sont les bénévoles qui doivent les acheminer avec leurs véhicules à la décharge ! Pas la moindre aide de la municipalité, c’est révoltant et insoutenable !
Merci à Roselyne qui a accueilli Canela (maintenant NAÏADE) que j’ai récupérée vendredi et qui rejoint son adoptante Genevieve demain ! Merci encore d’avoir accueilli Alba (ECLIPSE) jusqu’à vendredi en attendant que Geneviève puisse la prendre et à Pieter et Véronique qui ont accueilli Merlin quelques jours avant que Roselyne le prenne en accueil quand j’aurais récupéré ALBA qui passera quelques jours chez moi comme Canela (je sais c’est très compliqué et on s’y perd un peu !). Quel soulagement de savoir que la douce CANELA va enfin retrouver une maison et une maîtresse.
Merci à Annie qui a bien voulu se charger de notre compte-rendu et conduire le fourgon infatigablement : pour ma part, je commence juste à « digérer » l’émotion de ces derniers jours, mais bien souvent la colère et l’écœurement prennent le dessus : la priorité est de sortir le maximum de chiens de cet enfer et d’aider tous ces refuges par tous les moyens notamment par les croquettes dont ils manquent tous !
Christiane.