16 avril 2015: si la maltraitance est une coutume pour certains Espagnols, elle est aussi bien présente en France. Ce jour là, je reçois l’appel désespéré d’une habitante d’un village proche de Besançon, me signalant un loulou enfermé depuis un an dans un réduit. D’où j’ai pu extraire un véritable squelette sur pattes, incapable de marcher. Cette image de Marius retrouvant la liberté restera gravée pour toujours en moi. Un loulou adopté encore chiot, puis devenu trop encombrant 6 mois après, qu’on enferme dans un « placard », en se contentant de lui donner de l’eau et quelques croquettes. Il faudra encore un an et le merveilleux travail d’une comportementaliste pour que Marius trouve enfin SA famille. Et mène aujourd’hui une vie de rêve. Retour 20 mois en arrière, pour revivre ce sauvetage hors du commun.

J’ai été appelé cet après midi dans un village pour un cas de maltraitance. Des habitants me signalaient qu’un petit loulou vivait enfermé dans un réduit depuis au moins 1 an. Pire, les occupants des lieux auraient déménagé samedi, en laissant leurs animaux dans la maison vide.

Je me suis rendu immédiatement sur place. A travers une vitre, j’ai pu voir une dizaine de chats très maigres, qui se sont précipités contre le carreau en me voyant. Et en contournant la maison, je suis arrivé face à une dépendance d’où s’échappaient des pleurs.

J’ai immédiatement alerté les gendarmes et attendu leur arrivée. Et de ce minuscule cagibi d’environ 2 m², nous avons extrait un loulou famélique vivant au milieu de ses excréments et d’autres immondices.

Une de nos adhérentes l’a baptisé Marius, tellement les photos lui ont fendu le cœur. Il ne sait pas marcher correctement, son échine est aussi saillante que celle des Galgos les plus amaigris, et son dos est tout pelé. Dans la voiture, sur le chemin du retour, l’odeur pestilentielle me prenait à la gorge.

A peine libéré, Marius s’est jeté sur les croquettes qu’un voisin avait amenées. Et il nous a fait une fête qui n’en finissait pas. Il passe la nuit chez moi et s’entend très bien avec mes loulous. Je l’emmène chez le vétérinaire à 8 heures. Une amie pourra le garder ensuite jusqu’à lundi.

Je retourne sur les lieux demain matin en compagnie des gendarmes, du maire de la commune et d’une association spécialisée dans les chats, pour tenter de sauver les minous enfermés dans la maison.

18 juin: Voici les dernières nouvelles, à commencer par les chats. Les gendarmes ont retrouvé les occupants et les ont accompagnés sur les lieux. Ceux ci ont dit qu’ils allaient s’occuper de leurs chats. Et ce qu’on pouvait craindre s’est produit. Dès le départ des gendarmes, tous les minous ont été mis dehors et errent maintenant dans le village. La Spa de Besançon contactée cet après midi va désormais prendre le relais avec la mairie de la commune et une école du chat de la région, pour tenter de trapper les minous.

En ce qui concerne Marius, il va bien. Il a bon appétit et dévore croquettes et compléments alimentaires. Il est allé ce matin chez une toiletteuse. Une eau noire a coulé, avec des centaines de cadavres de puces, laissant apparaître des milliers de piqûres. Il a été massé à l’huile d’astrakan, parfumé et on lui a coupé les ongles. La toiletteuse a confirmé que vu la longueur des ongles et les doigts déformés, c’est un loulou qui n’a jamais marché.

Émue par l’histoire de Marius, elle a souhaité participer à sa façon à son sauvetage, et n’a facturé que 10 Euros, merci pour ce beau geste.

27 décembre 2016: les fidèles de notre site se souviennent sans doute de ce petit Berger Picard qui, de l’âge de 6 à 18 mois, a vécu enfermé 24 heures sur 24 au milieu de ses excréments, dans un cagibi de 2 m², ne voyant le soleil qu’à travers une minuscule lucarne, sans doute nourri seulement une fois de temps en temps. Je n’oublierai jamais le moment où j’ai ouvert la porte de la prison de Marius, véritable squelette sur pattes, ne sachant même plus marcher.

Je n’oublierai jamais son dos totalement décharné, ni l’odeur pestilentielle qui s’échappait de son poil épars et couvert de milliers de puces.

C’était le 16 juin 2015. Après quelques échecs dans différentes familles d’accueil, nous avions dû nous résoudre à placer Marius dans une pension tenue par Patricia et son mari, 2 formidables éducateurs. 10 longs mois ont passé, sans que personne ne se propose pour notre petit miraculé, malgré de multiples diffusions. Fin juin 2016, Patricia m’informait que Marius devrait quitter rapidement la pension, tous les box étant réservés pour les vacances. Rendez-vous était donc pris le 9 juillet, avec l’angoisse d’un nouveau traumatisme pour Marius. Quand enfin le Destin a décidé de s’en mêler.

Elisabeth, qui emmenait régulièrement son loulou faire de l’agility chez Patricia, avait eu la douleur de perdre son petit compagnon tragiquement quelques semaines auparavant. Ayant déjà repéré Marius, elle est allée à la pension le 8 juillet, pour se proposer de l’adopter. Et la magie a opéré immédiatement.

Je reçois très régulièrement des nouvelles et chaque message est un vrai moment d’émotion, tant la relation entre Elisabeth et Marius est fusionnelle.

Marius est heureux, et sait le montrer.

Il a goûté cet automne aux joies des vacances à la montagne.

Il adore prendre la pose pour les photos.

Mais là où il est le plus fier, c’est devant SA maison.

Voir Marius ivre de bonheur et de liberté, comme sur cette VIDEO, me remplit d’émotion.

Et dans la nuit de samedi à dimanche, le Père Noël n’a pas oublié Marius, qui a eu un ballon tout neuf.

18 mois se sont écoulés entre ces deux photos.

Je n’oublierai jamais le jour où Marius est sorti de son cachot, mais je n’oublierai jamais non plus les étoiles de Bonheur qui brillent dans ses yeux aujourd’hui. Merci Elisabeth.

18 décembre 2017: le rêve de Marius se poursuit. Voilà le message que j’ai reçu le 6 décembre dernier: « Saint Nicolas m’a apporté un petit paquet (un os à mâcher) car je suis un adorable garçon. Et c’était délicieux. C’est certain que le Père Noël me gâtera aussi. Quelle vie de chien, et que c’est beau d’être aimé. Marius. » Et mardi, c’était une adorable carte de vœux d’Elisabeth, accompagné d’un don pour les loulous de Josefina.

Inoubliable Marius, sans doute pour moi le sauvetage le plus émouvant auquel j’ai participé.