4 AOÛT 2013: c’est le jour où nous avons pris sous notre aile un Galgo qui, a lui seul, pourrait faire l’objet d’un film, tant son parcours aura été semé d’embûches, mais avec toujours une étoile bienveillante au dessus de sa tête. Merlin (qui ne pouvait pas porter un autre nom tant son regard est enchanteur) fait partie de ces loulous qui vous marquent pour toujours. Retour sur l’histoire magnifique de ce Galgo au passé si mouvementé.

A la mi juillet 2013, Maria Teresa a recueilli un Galgo revenu de loin, qu’elle a baptisé Merlin. A peine âgé de 2 ans, il avait dû errer de longs jours dans les rues, parce qu’il tombait fréquemment. Affamé et assoiffé, ses pattes ne le portaient plus. Squelettique et déshydraté, Merlin allait passer plusieurs jours à la clinique, avec une farouche volonté de vivre, le temps de reprendre des forces. 3 semaines après, nous découvrions ses premières photos, et j’étais d’emblée frappé par son regard.

Placé en pension sous couvert de l’association, nous pensions que les problèmes de Merlin était enfin derrière lui.

Jusqu’au 1er octobre 2013, où la pension a été cambriolée et de nombreux loulous volés, dont notre Merlin. Mais sa bonne étoile continuait de veiller sur lui. 48 heures plus tard, alors que nous étions sans nouvelles des autres, Merlin se promenait tranquillement en début de nuit dans les rues de Linares (ville de plus de 60 000 habitants tout de même), et a eu la bonne idée de passer devant chez Maria, une des assistantes vétérinaires, au moment où celle ci regardait par la fenêtre. Se précipitant à l’extérieur, Maria l’a appelé, et Merlin est venu tranquillement à sa rencontre. Nous ne saurons jamais ce qui s’est passé. S’est-il échappé de la camionnette des voleurs? L’ont-ils remis à la rue parce qu’il chassait mal? Ça restera un mystère, mais Merlin a pu rejoindre la pension, sain et sauf.

22 octobre 2013: c’est le dernier jour de notre deuxième Convoi de l’Espoir. Ultimes étapes de notre périple, le refuge de Baeza et la pension de Linares, où nous allons voir tous nos petits protégés, et chercher ceux, adoptés, qui devaient rentrer en France avec nous. Nous avons promené et câliné tout nos petits pensionnaires. Merlin partageait son box avec Alba. Celle ci étant du voyage, j’ai remis Merlin dans son box et refermé la porte. J’ai ensuite passé ma main à travers la grille pour lui faire une dernière caresse.  Et c’est à ce moment là que Merlin a posé ses 2 pattes avant sur mon bras, et plongé son regard dans le mien, pendant plus d’une minute, qui m’a semblé une éternité. Des yeux dans lesquels se lisaient de l’incompréhension, et une infinie tristesse. Un regard que je n’oublierai jamais.

C’est là que j’ai décidé, surtout vu la chance qu’il avait eue d’être récupéré après le vol, qu’il devait partir avec nous. J’ai passé quelques coups de téléphone et réussi à joindre Véronique et Pieter, qui ont accepté de répondre favorablement à cette urgence. Le temps de voir le vétérinaire pour l’examen clinique indispensable avant de pouvoir passer la frontière, et Merlin a rejoint les autres dans le camion. Après quelques jours passés chez Véronique, Merlin est parti en accueil chez Roselyne et Francis. Jamais je n’ai vu un Galgo aussi facétieux, aussi démonstratif, et aussi sociable avec tous les humains, même les inconnus. Et je suis persuadé que, 4 ans après, Roselyne et Francis s’en souviennent comme si c’était hier.

Et parce que les contes de fée se terminent toujours bien, Merlin trouvait une famille géniale un mois après, en Alsace. J’ai eu la chance de garder Merlin une nuit avant de faire la dernière partie du covoiturage.

Avant la rencontre avec Brigitte et Stanislas, ses parents pour la vie. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Merlin a déployé immédiatement sa panoplie de séducteur pour se faire aimer. Câlin avec maman

jeux avec papa

et avec Alina, sa nouvelle copine.

Sans oublier ses éternelles pitreries, pour déclencher l’hilarité générale.

Pour moi, le sauvetage de Merlin restera toujours différent des autres. Lhistoire de ce loulou est marquée par tellement de coups de chance……. Lorsqu’il a été trouvé, il errait depuis si longtemps qu’il tombait à chaque pas tant il était épuisé. Il a été volé, mais il a sans doute réussi à s’enfuir. Lors de sa fuite, le Destin a voulu qu’il passe devant la maison de Maria (pourtant loin de la pension) à 23 heures, et qu’elle soit à sa fenêtre à ce moment là. C’est sans doute encore le Destin qui m’a ramené devant le box de Merlin juste avant notre départ à la fin du Convoi, là où son regard m’a transpercé. Et c’est grâce à l’émission 30 millions d’amis, 3 semaines après notre retour, que Stanislas a découvert le sort des Galgos et que, en parcourant différents sites, il a craqué sur la photo de Merlin.

Et Merlin lui même restera un loulou différent. Voilà ce que j’écrivais à son sujet, après l’avoir déposé dans sa famille: merci d’avoir traversé ma vie, merci d’être tel que tu es. Toi le grand timide, aux gestes si délicats et un peu gauches, qui as toujours peur de passer inaperçu. Toi qui es tellement heureux de nous faire plaisir. Toi et ton regard foudroyant, si intense mais aussi parfois si lointain tant tu sembles perdu dans des pensées que nous aimerions tellement connaitre. Toi et ta peur permanente d’être abandonné, séquelle possible d’un passé que nous ignorons, et cet amour inconditionnel que tu veux donner à chaque être humain.

14 décembre 2017: plus de 4 ans se sont écoulés. C’est toujours un bonheur de revoir Merlin. Et d’avoir, régulièrement de ses nouvelles. Égal à lui même, il est toujours aussi fidèle

paisible par moment

et clown à ses heures.